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Faire une figurine “concours” : trucs et astuces

Faire une figurine “concours” : trucs et astuces

Pas à pas - Le 6 novembre 2013

Certains le savent, je ne suis pas toujours participant lors des concours. J’ai aussi souvent été derrière les vitrines, à la place du juge. En tant qu’ancien organisateur, et président du jury du Mix Open, j’ai du apprendre sur le tas avec mes confrères jurés, à savoir différencier ce qui fait qu’une figurine peut monter sur le podium… plutôt qu’une autre.

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C’est avant même la préparation de la figurine que tout se joue. Savoir ce que l’on va faire d’un personnage, dans quelle situation l’intégrer, ou dans quelles teintes il sera colorié, ces simples actions ont de grandes répercussions.

Une erreur dans les couleurs, une composition bancale, un socle qui ne va pas avec la figurine, beaucoup de choses conduisent l’œil à déprécier l’ensemble.

L’étape de la préparation est aussi capitale. Une ligne de moule qui saute au regard, des bulles ou des interstices non comblés, et votre pièce souffrira de la comparaison à niveau égal de peinture. Bref, lorsque l’on fait une pièce de « concours », ou pour essayer de progresser, il y a pas mal de choses à prendre en considération.

Avant la peinture

J’ai déjà réfléchi à l’ambiance de ce cher Butch (issu de la gamme Miniature Factory, de Jacques-Alexandre Gillois) Il aura un pantalon vert et une veste de cuir dont le marron sera un peu rouge (le rouge étant la complémentaire du vert).

Par ailleurs, le kit proposant deux choix de têtes, je me tourne vers celle avec la « casquette crocodile ». Car cette partie me permettra de faire un rappel de vert.

Je m’attarde aussi sur la préparation. Je prends soin de bien dégraisser la résine à l’eau tiède et au savon (et surtout pas chaude pour éviter les déformations). En effet, oublier cette étape, et la peinture (tout comme la sous-couche), n’adhérera pas correctement. Je bouche les quelques endroits concernés avec du Milliput, je gomme les lignes de moulage… Bref, je veux une figurine impeccable.

Le choix du socle de présentation est crucial. Trop gros, avec une forme ne convenant pas aux volumes ou à la dynamique de la figurine, et ce ne sera pas agréable à regarder. Sur l’exemple ci-dessus, ce socle rond est bien trop imposant pour une petite individuelle.

Ici, le diamètre peut passer, même s’il est un peu juste. En jouant avec la forme du décor, pourquoi pas. Mais désormais, c’est la hauteur du socle qui ne va pas. Bien trop haut, sans moulure, la forme cylindrique ne convient pas à la figurine.

On change de forme et de diamètre. On voit que la figurine est mieux mise en valeur. La base carrée, avec la forme de la figurine, dessine presque un triangle. On part de chaque côté, remonte en diagonale, pour arriver en pointe sur la tête du personnage. Ainsi, exemple à l’appui, on voit que la forme du socle influe sur la lecture.

Voulant une approche minimaliste, le décor est simple. De la roche, un sol sableux, rien de plus. L’accent sera mis sur la dynamique de la figurine. Pour cela, il ne faut pas se tromper sur les volumes du décor.

La figurine, une fois sa tronçonneuse en mains, donnent vraiment l’impression d’avancer pour donner un coup mortel. Vers le bas. Il ne faut pas que mon socle monte. Cela irait en contradiction avec le mouvement.

Je mets ma figurine volontairement sur une hauteur de roche, afin que tout le devant du socle soit vacant. La roche a une pente déclinante, autant vers l’avant, que de la gauche vers la droite (sens du spectateur).

Je joue sur l’appui de la figurine. Clairement le poids est sur sa jambe gauche (côté droit spectateur). Je souhaite mettre en évidence le mouvement de la figurine, tout comme le coup qu’il va porter. La pente est en conséquence.

Le petit bout de roche qui remonte sur la droite du socle sert à casser la monotonie de la pente. Mais aussi à créer un élément parallèle avec le bras de la figurine, et son mouvement.

Tout cela parait complexe, mais il n’en est rien. Tout ce joue souvent au feeling, car à force de travail, on se rend compte de ce qui fonctionne en 3D ou non. Mais ces petits détails donnent une lecture évidente à la figurine. En jouant avec ses volumes, en allant dans le sens du mouvement, on créé une dynamique. On rajoute de la vie. Cela fait souvent la différence. Quand le spectateur se plonge dans la figurine, la plus grande partie du travail est faite.

Sortie des pinceaux

Avant de rentrer dans le vif de la peinture, je commence par ré-exercer ma dextérité sur une zone importante de la figurine. Ici, le pantalon. Je joue sur la teinte, sur sa saturation, pour retrouver mes automatismes. Afin d’avoir une meilleure vision, je base certains autres éléments.

Je continue à baser plus de zones de ma figurine. Pour jouer sur les différentes valeurs. Avoir une vision vraiment globale. Je fais attention à ne pas avoir trop de teintes. Hors thèmes ou cas particuliers, il faut tenter le plus possible de jouer sur trois/quatre couleurs. Ici, le vert, la chair, et le jaune de l’arme.

Tout autre rajout doit être complémentaire à la teinte prédominante ou neutre.
Ma teinte dominante est le vert, la ceinture, petit détail sera donc rouge. Afin de ne pas avoir une teinte qui n’aille pas avec le tableau général.

Pour le T-Shirt, je choisis un gris bleuté neutre en terme de valeur. C’est donc une couleur sans incidence sur le reste.

Pour finir, bien que le marron soit très présent, il ne compte pas. Il est une teinte neutre par définition : il résulte du mélange de couleurs complémentaires.

Au final, en terme de teintes pures, je n’ai que le vert, le jaune, la chaire et le rouge de la ceinture. Je jouerai le plus possible avec ces couleurs. Notamment en faisant des rappels. Rouge dans le vert, rouge dans la chair. Jaune dans le marron ou dans la chair, le socle etc.

La « casquette »

Cette partie est importante car elle va permettre de jouer sur des enrichissements en terme d’intensité, de couleur, de rappels, et aussi de matières. En effet, chose primordiale pour sortir une figurine de « haut niveau » : il faut jouer sur les matières.

Un pantalon satiné, des bottes brillantes, une casquette satinée avec des zones de brillances et de matité, il ne faut pas rester sur un seul aspect. Il faut jouer sur les contrastes.

Je ne peux d’ailleurs, que vous renvoyer vers un article écrit pour le Ravage 63, désormais épuisé, mais encore disponible via ce lien.

Sur une base issue d’un mélange d’Olive Ordic P3, et de Camo Green GW, je commence à poser des lavis dilués d’orange, de rouge, de verts plus sombres, de noirs, et de turquoise. Le but est autant de marquer les creux pour rendre les écailles lisibles, que d’apporter de la richesse.

Puis, je pousse certaines zones, en fonction des teintes à proximité. Je travaille aussi les piques. Le tout est d’opacifier certains endroits, de rendre l’ensemble lisible, d’apporter des touches de saturation et des couleurs vives pour apporter plus de « peps ».

Comme énoncé plus haut, je joue sur les matières. Avec des encres, je viens rendre plus brillantes certaines écailles, ainsi que la jonction des piques. Je termine d’ailleurs celles-ci par des points de lumières les plus mats possibles. Premièrement, pour qu’ils conservent une lumière vive et opaque. Et enfin, pour avoir un dégradé du brillant au mat, de la base à la pointe.

Une autre manière d’obtenir des contrastes de matières, reste le travail des textures. Ainsi, pour apporter du caractère à ma figurine, j’ai donné une barbe rasée de frais à mon personnage. Ce qui convient à sa mâchoire patibulaire. Son t-shirt fut aussi l’opportunité de montrer sa négligence, avec diverses tâches de vin, nourritures, ou sang.

Quant à sa veste en cuir, j’ai joué sur une texture usée, afin de souligner son usure par le temps. Et par les longues sorties de son propriétaire. Sûrement à la recherche de victimes ?

Tout sert à rendre le personnage crédible, à apporter des détails à son histoire, à lui donner du vécu, de la profondeur.

Cependant, quand on peint une figurine en cherchant à pousser beaucoup de choses, il faut aussi penser à récupérer du temps. Pour cela, l’aérographe est un outil précieux. La tronçonneuse a ainsi reçu sa base avec cet outil. Puis, quelques éclaircis et ombrages. (La photo ne concerne que la base).

Le reste est un travail classique. Il faut juste faire attention à ne pas tomber dans un piège. En effet, je peins mon arme en la fixant sur un support. Or, il ne faut pas oublier que sur la figurine, elle est fixée dans une position définie. Il faut prendre en compte son positionnement final, pour placer des lumières et ombres correctes.

Dans les petites fioritures, le jaune se voit agrémenté de quelques lavis d’encre violette, dans ses ombres, question d’enrichissement. Le violet étant la complémentaire du jaune. Quelques pointes sont aussi ajoutées dans les métaux.

La tronçonneuse est collée. Encore une fois, il faut savoir rester carré jusqu’au bout. Je prends bien garde à ce que les jonctions soient propres. Pour cela, un petit raccord de Milliput, par dessus les parties peintes est nécessaire. Je n’ai qu’à repasser par dessus avec les teintes concernées (un peu d’éclaircissement pour la chair, un lining brun pour la délimitation du bracelet).

Le socle

Je désire peindre avec des encres et vernis, le socle de présentation en bois. Pour le protéger de  la peinture du décor, il  a été entouré de scotch de masquage.

La roche est basée avec un mélange d’Olive Ordic P3 et Graveyard Earth GW.

Je joue ensuite sur des rappels, et des contrastes. Ma figurine est majoritairement verte, je peins donc le sable dans une teinte rouge. Pour la faire ressortir. La roche, elle, est peinte dans une teinte beige tirant vers le jaune, pour rappeler l’arme. La figurine est ainsi « encadrée » entre l’arme jaune en haut, et la roche jaunâtre en bas.
Les valeurs les plus hautes sont restées concentrées sur la peau, notamment sur le visage. Avec la composition « en triangle », je sais que le regard ira toujours vers le visage et le buste du personnage.


Je continue à fignoler. Le bois reçoit des lavis d’encre marron, et d’encre verte. Je joue toujours sur les rappels de teintes. Par ailleurs, ma figurine possède un caractère assez violent, je ne veux donc surtout pas d’un pourtour brillant, uni, propre, qui n’irait pas avec tout le travail de peinture.

Une fois les encres passées, je prends du papier de verre, et viens abîmer les arêtes du bois. Je le fais plusieurs fois, et termine par quelques lavis d’encres très diluées. Je termine par plusieurs passages d’un mélange de vernis satiné et mat.

C’est terminé !

Après environ 20 ou 25 heures de peinture, notre figurine est terminée. Afin de faire une pièce aboutie, j’ai fait attention aux points suivants :

-       Mise en valeur et création d’un sens de lecture, dès le choix du socle et du décor.

-       Bonne préparation de la figurine.

-       Harmonie dans le schéma de couleur. Harmonie lumineuse.

-       Utilisation de différents contrastes (couleurs, saturation, matières, chaud/froid, lumières, rappels).

-       Qualité des dégradés.

Normalement, en prenant en compte les points suivants, et les quelques astuces données, on parvient à un résultat assez qualitatif pour ne pas rougir de la concurrence. Eh quand bien même, vous y aurez pris plaisir, en plus de tout avoir donné ! Bonne peinture !

5 Comments to Faire une figurine “concours” : trucs et astuces

  1. Alskayer

    bonjour Julien !

    Je voulais te dire un grand merci pour ce pas à pas, c’est un vrai plaisir à lire et c’est bourré de bons conseils.

    Commençant la peinture “concours”, c’est vraiment agréable de se sentir “épaulé” par ce genre de tutoriels, afin d’acquérir/approfondir les connaissances ;)

    Encore merci, a+,
    Alskayer.

  2. DEZ

    très bon article pour ceux qui souhaite pousser un peu plus loin leur peinture.
    Avec des astuces simple et parfaitement réalisable avec un peu de patience ^^.
    en tout cas un grand merci !!
    DEZ

  3. admin

    De nada :D !

  4. Steph

    Super boulot !
    J’apprécie l’explication détaillée du début à la fin, c’est très utile aux néophytes.

  5. Oz

    Très beau tuto merci

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